LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
76. Les deux seigneuries élevées au rang de Principauté. — Le 23 janvier 1719,
l’Empereur Charles VI élève les deux anciennes seigneuries au rang de Principauté
d’Empire”*’. Cette élévation fait du Liechtenstein le 343° Etats du Saint Empire Romain
Germanique et l’oblige à participer financièrement et militairement aux conflits qui peuvent
être engagés par l’Empereur. De 1793 à 1806, la Principauté est enrôlée dans de nombreuses
guerres napoléoniennes au sein du Saint Empire. Le traité de paix de Lunéville du 9 février
1801 précise les frontières actuelles de la Principauté et confirme l’existence de la République
Helvétique. À la mort d’Aloïs Ier en 1805, c’est au Feldmarshall Johann von Liechtenstein
qu’échoue la couronne princière”*. Adversaire acharné de Napoléon Ier, c’est à lui que
revient la lourde tâche d’être reçu par l’Empereur afin de signer le traité de paix de Presbourg
du 12 juillet 1806" faisant disparaître le Saint Empire Romain Germanique « Heiliges
romisches Reich deutscher Nation » au profit d’une confédération du Rhin « Rheinbund »””.
Ce nouveau statut juridique, création napoléonienne, est à l’origine de l’autonomie du
. . . . . re . , z44,.4,251
Liechtenstein mais ne lui octroie pas une véritable indépendance car elle est confédérée
($2).
$2 L’autonomie du liechtenstein (1815 — 1867)
77. La chute de Napoléon et le congrès de Vienne font rentrer la Principauté dans la
Confédération Germanique le 8 juin 1815. Celle-ci contraint le Liechtenstein à participer aux
charges militaires confédérales auxquelles la population n’est pas encline à prendre part à
cause d’une terrifiante famine. En accord avec le bailli Joseph Schuppler, le Prince accepte de
payer les contributions militaires et de respecter le pacte qui unit la Principauté à la
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Confédération en octroyant une constitution à ses sujets“ (A). L’amorce d’une nouvelle ère,
47 RATON (P.), « Le Liechtenstein, ses institutions », R.J.D.C., vol 2. n°1, Janvier-Mars 1950, p. 228 à 229.
%8 À son accession au trône, le Feldmarshall Johann von Liechtenstein prend le titre de Johann I.
% La famille princière n’a pas été consultée dans l’élaboration de cette nouvelle construction étatique faisant
apparaître la Principauté de Liechtenstein comme une entité autonome. Le Prince Johann I" pouvait difficilement
abandonner l’Empereur d’Autriche dont 1l avait commandé les armées et signer l’autonomie de sa principauté.
C’est pour cette raison que Napoléon fit préciser à l’article VII du traité : « que ceux qui, étant au service
d’autres puissances, voudront y rester, seront tenus de faire passer leurs principautés sur la tête de leurs
enfants ». C’est ce que fit le prince Johann Ier en confiant la principauté à son troisième fils mineur. Johann I”
remonte symboliquement sur le trône à la chute de Napoléon. V. MARTENS (G. F. de), Recueil de traités et
d’autres actes remarquables, servant à la connaissance des relations étrangères des puissances et Etats dans
leur rapport mutuel, Gottingue, Dieterich, 1839-1842, vol. TV, p. 313 à 326.
20 Office de presse et d’information du Liechtenstein, documentation, La Principauté de Liechtenstein, à la
rencontre d’un petit État, 2008, p. 14.
#1! SEGER (O.), Überblick über die Liechtenstein Geschichte, Vaduz, Fürstlich Liechtensteinisches
Pfadfinderkorps St. Georg, 1965, p. 16.
7? L article 13 du traité de Presbourg du 12 juillet 1806 contraint les souverains de la Confédération du Rhin à
octroyer une constitution à leurs sujets.
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