LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
« Landsgemeinde”” » est instaurée afin d’établir l’ensemble des griefs et des réclamations
accumulés à l’encontre du comte Ferdinand-Charles de Hohenems. Les plaintes sont envoyées
par des délégués à l’Empereur Charles VI de Habsbourg qui juge ces dernières sérieuses et
décide de déposséder provisoirement le comte au profit de l’administration impériale. Il
nomme en 1684, le Prince-abbé Rupert Von Kempten commissaire impérial, chargé
d’administrer les deux seigneuries. Le Prince Jacob-Hannibal de Hohenems, ancien
gouverneur du Voralberg, à qui échoit la succession se trouve dans l’impossibilité de payer
immédiatement les dettes contractées par son père auprès de deux cent quarante-trois
créanciers. De facto, l’issue est inévitable, l’Empereur décide par rescrit impérial que
Schellenberg et Vaduz deviennent possessions immédiates d’Empire, la cession doit
permettre d’amortir les dettes des Hohenems et ouvrir une nouvelle ère pour les deux
seigneuries (B).
B. La naissance de la Principauté
75. Les cessions des seigneuries de Schellenberg et Vaduz. — Au XVII siècle, Karl Ier de
Liechtenstein devient gouverneur de Bohême et son petit-fils Hans-Adam Ier construit l’un
des plus beaux palais de Vienne pour y loger le trésor artistique familial sous la dénomination
de Galerie Liechtenstein”’. Comme cela a été vu au paragraphe précédent, à la fin de la
guerre de trente ans, les comtes de Hohenems sont ruinés et leur situation perdure jusqu’en
1696, date à laquelle l’Empereur d’Autriche décide par rescrit impérial que Vaduz et
Schellenberg deviendront possessions immédiates de l’Empire dont le produit de la vente
permettra d’amortir les dettes des créanciers du Comte. C’est à l’occasion de cette cession que
le Prince Hans Adam Ier de Liechtenstein achète la seigneurie de Schellenberg”” et le comté
de Vaduz”** afin d’accéder à la diète impériale de Ratisbonne”‘°. Acquise mais éloignée de
Vienne, la Principauté de Liechtenstein n’intéresse pas ses Princes qui préfèrent vivre à
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Vienne, jouir des titres et des privilèges liés à leurs terres”.
#1 Une assemblée rurale ou une assemblée de citoyens, symbole de la démocratie directe que l’on trouve
notamment dans certains cantons suisses. Ce système de représentation populaire est introduit pour la première
fois dans le canton suisse d’Uri en 1231. Au XXT° siècle, il n’en n’existe pratiquement plus sauf dans les cantons
d’Appenzell Rhodes-Intérieures et de Glaris ainsi que dans certaines villes de Suisse alémanique.
* Nonobstant un domaine couvrant 5.800 km” comprenant 24 villes, 35 bourgs, 756 villages et 46 châteaux,
leurs possessions ne jouissent pas d’une immédiateté et leur titre princier n’est qu’une noblesse d’empire sous
vassalité autrichienne à valeur honorifique.
* Le Prince Hans Adam de Liechtenstein achète en 1699 pour 115 000 guldens rhénans la seigneurie de
Schellenberg.
* Le Comté de Vaduz est acheté en 1712 pour 290 000 guldens rhénans.
> RATON (R.), Les Institutions. op. cit, p. 22.
%6 T1 faut attendre Aloïs II de Liechtenstein en 1842 pour voir la première visite d’un Prince en Principauté.
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