LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
Schellenberg et de Vaduz, qui élevées au rang de Principauté d’Empire par l’Empereur
Charles VI de Habsbourg ($1), deviennent autonomes au sein de la Confédération du Rhin
sous l’influence de Napoléon Bonaparte ($2).
$1 Aux origines du Liechtenstein (1696-1815)
72. L’endettement des comtes de Hohenems et l’impopularité de ces derniers auprès de leurs
sujets contraignent l’Empereur Charles VI de Habsbourg à les déposséder et à vendre les deux
seigneuries de Shellenberg et Vaduz (A). Les deux cessions qui interviennent successivement
permettent aux Princes de Liechtenstein d’en faire acquisition et d’entrer à la diète impériale
(B).
A. Les seigneuries de Schellenberg et Vaduz
73. L’endettement des seigneurs de Schellenberg et Vaduz. — Il est difficile de déterminer
si à l’origine le Liechtenstein est une terre helvétique ou autrichienne. Tantôt autrichien en
étant rattaché au comté de Bregenz, tantôt helvétique en étant incorporé au comté de
Werdenberg-Sargans, c’est en 1342 qu’est créé le comté de Vaduz, et en 1350 la seigneurie
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de Schellenberg””’. En 1507, le dernier descendant des barons de Brandis, Johann, vend ses
droits sur les territoires de Schellenberg et Vaduz a son neveu de Souabe, Rudolf de Sulz””.
Par cet acte, les deux comtés sortent du système féodal suisse pour passer dans le système
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d
féodal allemand”°’. A la fin de la guerre de trente ans, les comtes de Hohenems””“, seigneurs
de Schellenberg et Vaduz, sont ruinés et leurs sujets se plaignent des impôts harassants qu’ils
doivent acquitter pour réduire leurs dettes”
. Les deux seigneuries sont administrées par un
Bailli dit « Landvogt”“’ » qui protège les pauvres, les orphelins et assure la sauvegarde des
libertés et des coutumes locales.
74. Les deux seigneuries sous administration impériale. — Suite à un mal-être installé et
pour tenir compte des récriminations de l’ensemble de la population, une
735 SANGUIN (A.-L.), Le Liechtenstein…, op. cit. p. 428.
76 ZURLINDEN (H.), Liechtenstein und die Schweiz, (these), Bern, Verlag Paul Haupt, 1931, p. 3.
#7 RATON (P.), Le Liechtenstein, Histoire et institutions, Librairie DROZ, Genève, 1967, p. 19.
#8 En 1613, le dernier des Sulz n’a pas d’héritier mâle, il marie sa fille à Gaspard de Hohenems et lui vend ses
deux seigneuries.
79 KLINGER (T.). « Évaluer les seigneuries de la noblesse austro-bohême à l’époque moderne : l’exemple de la
famille colloredo », R.H.E.S., 26° année, 2007, p. 60.
% Un vogt de l'ancien Haut Allemand, également voigt ou voight ou Landvoigt ou Fauth, dans le Saint Empire
Romain Germanique était le titre allemand d'un préfet ou d'un avocat, principalement un seigneur (le plus
souvent de la noblesse) exerçant la tutelle ou la protection de l'armée ainsi que la justice séculière (Blutgericht)
sur un territoire donné. Le territoire ou la zone de responsabilité d'un Vogt est appelé un Vogtei.
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