LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
l’ermite, les deux fils ne firent rien de ce qu’ils avaient prévu et rentrèrent sans accomplir leur
mission. Pour autant, leur court passage sur les hauteurs du Mont Titan, exposé à un fort soleil
et un vent glacial provoqua un malaise qu’ils attribuèrent à Marinus. Inquiète, leur mère
Félicissima, n’écoutant plus que son cœur de mère, supplia Marinus de guérir ses enfants. Le
saint homme se déplaça au chevet de ses deux fils, prodigua ses soins et les guérit. Suite à cet
évènement, la famille se convertit en son entier et Félicissima en témoignage de sa
reconnaissance donna a Marinus la pleine propriété du Mont Titan‘ *. Sa réputation de Saint
ne tarda pas à attirer de nombreux fidèles” qui forment la première communauté chrétienne
en terres saint-marinaises, construite par des hommes libres et unis par la charité chrétienne.
161. L’héritage de Marin aux fidèles. — Pendant toute sa vie, Marin combat les recteurs
pontificaux de la Romagne et les évêques de Montefeltro, manifestant une indépendance
contestée par l’Eglise mais qui émane d’une hypothétique donation à titre d’alleu*° des
Empereurs Constantin et Pépin. C’est la mort de Marin en 366 qui permet aux fidèles
d’hériter d’un véritable État libre. La légende raconte qu’il leur dit avant de mourir : « Je vous
laisse libre des autres hommes ». Cependant la souveraineté de cet État met plusieurs siècles à
s’affirmer. Pendant toute la période du Moyen-âge, juché en haut du Mont Titan en plein
milieu alpestre, Saint-Marin poursuit sa politique de fortification. Oublié dans un milieu
hostile, cet État naît grâce à l’asile naturel dont il bénéficie et à l’absence de convoitises
étrangères. Vers 1100, l’augmentation de la population de Saint-Marin l’amène à acheter de
nombreux territoires‘’’, telle la seigneurie de Pennarossa et à accepter l’annexion volontaire
des habitants de Bisignano‘”*. Pour autant, la survivance féodale de Saint-Marin est fortement
controversée par l’administration ecclésiastique du pape qui convoite cet Etat (B).
B. Une reconnaissance acquise par les armes
162. La première reconnaissance officielle. — Au XIII siècle, Saint-Marin est dirigée par
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une administration religieuse dont les évêques voisins cherchent à s’emparer’”. Par réaction,
Saint-Marin s’émancipe et fait expulser tous les Guelfes (partisans du Pape) de la cité, afin de
4 Ibid. p. 31.
‘5 MONTALBO (L. de) et ASTRAUDO (A. Duc d’), La république de Saint-Marin au XXème siècle, impr. de
l’éclaireur de Nice, 1926, p. 8.
76 Propriété pleine et entière sans inféodation. Cf, DOLCINI (C.), « L’Alto Medioevo », Milan, Ed. AIEP, n°5,
[s.d.], p. 68.
7 Invoquant la doctrine de leur fondateur, les saint-marinais ne veulent pas d’expansion par la violence.
‘S MONTALBO (L. de) et ASTRAUDO (A. Duc d’), La république … op. cit., p. 10.
9 L'Italie du XIIème siècle, connait une lutte entre les partisans du pape (les Guelfes) et ceux de l’empereur
(les Gibelins).
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