LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
$2 L’émergence du pouvoir papal (1054 — 1376)
140. Après avoir mis à l’écart le Patriarche de Constantinople avec le schisme de 1054, le
pape assoit son pouvoir papal à la tête de l’Église catholique (A.), se démarquant des autres
évêques en affirmant la suprématie de son pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel des rois et
des États pontificaux de sa juridiction (B).
A. Le pouvoir papal à la tête de l’Église catholique
141. La primauté de l’évêque de Rome sur tout autre évêque. — Au XIe siècle,
l’Empereur Otton III reconnait le caractère apocryphe de la donation de Constantin et
redéfinit ses rapports avec le pape Sylvestre II accordant au souverain pontife, huit comtés de
la Pentapole. À cette époque, le Saint-Siège est le théâtre d’un conflit entre l’Empereur
Romain Germanique et les grandes familles romaines, les deux forces jouant un rôle
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important dans l’élection du souverain pontife ”’. Alors que l’empereur revendique sa
souveraineté sur la chrétienté, les papes qui se succèdent rappellent le mandat confié par le
Christ à Pierre dont ils ont hérité et affirment la prédominance de l’Église institutionnelle”
sur « la cité terrestre ». De cette rivalité naît un désir d’indépendance des papes successifs, qui
entreprennent de nombreuses actions contres les grandes familles romaines et l’emprise des
pouvoirs laïcs. Grégoire VII, désireux d’obtenir une investiture temporelle, renforce
l’indépendance de la fonction pontificale avec la rédaction du « dictatus papae ». Ce texte ne
connaît aucune publication officielle et a pour finalité d’affirmer la primauté de l’évêque de
Rome sur tout autre évêque. Parallèlement, le développement du droit canonique fait émerger
un pouvoir centralisé dont le pape revendique l’autorité.
142. Grégoire VII entreprend une véritable politique visant à affirmer l’autorité de l’Église.
Il réforme les Églises locales qui sont trop dépendantes du pouvoir politique et excommunie
les empereurs qui influent sur le pouvoir spirituel ’°. Une querelle des investitures est avivée
entre Pape et Empereur. Au synode de carême de 1075, une interdiction du pape à destination
8! Deux interprétations de la bible s’affrontent, celle de l’empereur germain revendiquant l'attribution du
pouvoir temporel en application de l’évangile de Matthieu, chapitre 22, verset 21 qui dit: « De César, lui
répondirent-ils. Alors il leur dit : rendez donc à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Alors qu’à l'inverse, les
papes qui se succèdent revendiquent l’attribution du pouvoir temporel et spirituel en application de l’évangile de
Matthieu, chapitre 16, verset 19 qui dit : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la
terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ».
> LENOIR (F.), MASQUELIER (Y.T.), Encyclopédie... , op. cit., p. 569.
#6 À l’instar de I’Empereur Henri IV d’ Allemagne qui avait déchargé de son office l’archevêque de Milan.
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