LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
soumission à l’Empereur romain d’orient Zénon. Ce dernier accepte, et en contrepartie le
remercie en le faisant roi d’Italie. L’Empire romain d’occident disparaît mais le royaume
d’Italie reste inféodé à l’Empire romain d’orient. — La chute de ce dernier bouleverse
l’équilibre religieux. L'Église dont le développement avait été florissant grâce à l’Empire
romain et à son expansion, se retrouve seule à défendre l’Italie face aux incursions lombardes,
arabes et aux violences des empereurs romains d’orient. Afin de survivre dans ce monde
nouveau, l’Église entreprend une politique d’évangélisation massive qui aboutit à la
conversion de Clovis en 498. À l’aube de cette nouvelle ère, Rome est administrée par un
évêque, dont le statut de Pape est honorifique, non soumis à l’autorité du Patriarche de
Constantinople mais dépendant indirectement de lui**. Les conciles œcuméniques censés
régler le devenir de l’Eglise sont généralement tenus en orient, convoqués par l’Empereur‘”.
Progressivement les différences culturelles additionnées à l’éloignement géographique des
deux cités font naître des dissensions au sein de l’Eglise.
137. Les conflits entre christianisme d’orient et d’occident. — Aux V° et VI siècles,
malgré ses divisions, le christianisme oriental est préservé grâce à l’Empereur byzantin
Justinien 1% (527 - 565). Ce dernier fait office de bâtisseur et de législateur mais également de
garant de l’unité religieuse, réconciliant les conceptions confessionnelles qui s'opposent“.
Cette apogée du christianisme impérial est de courte durée, car les invasions arabes du VII
siècle affaiblissent l’Empire Byzantin et aggravent les différences entre orient et occident. Au
VIII siècle une crise christologique entre l’Église de Rome et celle de Constantinople prend
son origine dans l’empire byzantin. L'Empereur Léon III, désireux de préserver son empire
menacé par les invasions arabes entreprend une politique iconoclaste*'” qui prend fin avec le
concile de 787 et reprend en 815. Il faut attendre 843 et l’Impératrice byzantine Théodora,
pour que soit mis fin à l’iconoclasme dans l’intérêt d’un rapprochement de l’Église d’orient
avec celle de Rome*®. — En 865, une crise nouvelle née de la christianisation des peuples
slaves oppose le pape Nicolas 1°" à l’Empereur byzantin Michel III. L’enjeu est de déterminer
“1 Le Patriarche de Constantinople, compte tenu de sa position, entretient des liens privilégiés avec l’Empereur
romain d’orient, d’où l'influence de son pouvoir temporel exercé en la personne de l'Empereur.
> POUPARD (Mgr. P.). Dictionnaire des religions (A-K), Paris, Ed. P.U.F., col. Quadrige Dicos-Poche, 2007,
p. 351.
"16 BRULEY (Y.), Histoire ..., op. cit..p. 42.
17 Politique visant a la destruction de toutes les représentations iconographiques de Dieu. Léon III estime que les
icones portent atteinte à la foi de l’ancienne loi judaïste qui interdisait les représentations de Dieu. Cette
conception considére que le Christ comme une nature humaine mais comme une divinité. À l'opposé, les
détracteurs de cette conception partent du principe que le christianisme rompt avec le judaïsme et que ce dernier
est fondé sur l’incarnation. Si Dieu s’est fait homme, c’est qu’il a voulu se donner une image et une réalité
d'homme. D’un côté l’image est reléguée au rang profane alors que de l’autre, elle est considérée comme sacrée.
“18 LENOIR (F.), MASQUELIER (Y.T.), Encyclopédie des religions, Paris, Ed. Bayard, 1997, vol.1, p. 542.
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