CONCLUSION GÉNÉRALE
733. Bien que le débat sur le caractère étatique des micro-Etats européens soit clos, la
complexité de leur souveraineté rend difficile une approche empirique. Cette présente étude
avait pour objet de lever toute incertitude quant à leur nature juridique et de démontrer qu’il
n’existe pas un modèle unique de micro-Etat européen mais des modèles différents avec des
similitudes. Chacun de ces Etats s’est adapté à sa façon aux contraintes juridiques, politiques
et géographiques qu’il a rencontrées au cours de son histoire. — Le constat est saisissant. Les
Principautés de Monaco et du Liechtenstein sont des Etats semblables et il en est de même
2156 Le Vatican dont la nature
pour la République de Saint-Marin et la Principauté d’Andorre
sui generis fait débat se classe à part. — L’évolution de ces Etats permet de constater que les
deux premiers sont bâtis autour d’une famille princière, les deux autres autour d’une
collectivité d'hommes, le dernier étant attaché à une religion. — Cette étude soulève une
interrogation majeure : comment des Etats microscopiques ont-ils pu survivre dans un monde
globalisé où ne subsistent pratiquement que de gros Etats ? La clef de cette énigme est à
rechercher dans leur nature juridique et la souveraineté qui en découle.
734. De prime abord, poser la question de l’existence des micro-Etats européens peut
sembler singulier car on a spontanément tendance à y répondre de façon expéditive. Les
micro-Etats européens ne seraient pas autre chose que des Etats de petite taille. Et pourtant la
réalité est beaucoup plus complexe car cette petitesse tant physique que démographique a
conditionné leur existence. — Leur raison d’être est avant tout historique. Derniers vestiges
d’une époque médiévale révolue, ils échappent, chacun à sa façon, aux différentes vagues
d’annexions successives qui transforment l’Europe pendant plusieurs siècles. Bon nombre de
PM siècle et contribuent à la
territoires comparables disparaissent, notamment au XIX
naissance des grands Etats contemporains. — En outre, leur situation géographique particulière
leur permet d’être protégés. Encerclées entre deux Etats, les Principautés de Liechtenstein et
d’Andorre jouissent de la protection réciproque de leurs voisins. Pareillement enclavés, la
République de Saint-Marin et le Vatican n’ont à subir que les vicissitudes de la péninsule
italienne. De son côté, enserrée dans le territoire français, la Principauté de Monaco voit son
destin attaché à celui de la France.
16 Léon BASSEREAU voit en la Principauté d’Andorre une République. Cf, BASSEREAU (L.), La
République d’Andorre, Montpellier, Imp. centrale du midi, 1884.
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