LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
plus loin qu’une simple annexion impériale. Napoléon Bonaparte propose un remembrement à
la République de Saint-Marin afin de l’agrandir et de lui permettre d’avoir une façade
maritime””’. Le capitaine régent Francesco Onofri a la prudence de convaincre le Conseil
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Souverain d’être assez sage pour décliner cette offre. La République de Saint-Marin,
indépendante, reste enclavée dans le département français du Rubicon”°*.
174. L’activité diplomatique de la petite république va s’intensifier considérablement. Le 4
juin 1798, elle signe un traité d’amitié et de commerce avec la République romaine. Le 14
juillet 1798, dans la continuité de cet accord, la République romaine qui interdit tout
ecclésiastique étranger sur son territoire, lève cette interdiction pour ceux en provenance de
Saint-Marin. Le 18 Août 1802 Saint-Marin signe un traité d’amitié avec la République
Cisalpine et obtient la même année le renouvellement du soutien du Consul Bonaparte. Son
attitude pacifique, après avoir décliné toute proposition d’élargissement lui permet de garder
son indépendance lors du congrès de Vienne qui, en 1815, rétablit l’ordre pré-napoléonien.
175. Au cours du XIX° siècle, l’Italie fait face à de nombreux mouvements révolutionnaires.
La liberté et l’indépendance de Saint-Marin suscitent de nombreuses convoitises extérieures.
En 1824, un mémoire anonyme est envoyé au Pape Léon XII ainsi qu’aux principaux chefs
d’Etat européens ou il est écrit que la République de Saint-Marin connaît un désordre
institutionnel qui la rend incapable d’assurer la liberté de ses concitoyens. Il est également
écrit qu’elle est un repaire pour les ennemis du Saint-Siège et qu’à plus long terme, elle serait
un danger pour l’Église. L’intervention de Francesco Onofri permet de conforter les relations
diplomatiques de Saint-Marin avec les puissances étrangères”. Le 18 juillet 1824, le Pape
conforte la République en lui réitérant la protection qui lui est due par le Saint-Siège.
176. La période du « risorgimento ». — La Révolution française du 24 février 1848 a un
contrecoup non seulement en Italie mais également dans toute l’Europe. Berlin et Vienne ont
leur révolution, la Hongrie se déclare indépendante pendant que la Bohême est en pleine
insurrection. En Italie, c’est la période dite « risorgimento » qui commence sous les auspices
du roi piémontais Charles-Albert dont l’importance croissante profite aux intérêts de la
monarchie sarde. Le 24 novembre 1848, le Pape s’enfuit de Rome et le S février 1849, le
parlement romain proclame la République sous l’impulsion de Giuseppe Garibaldi. Suivant
199 Ibid. p. 5.
°% Ibid.
°! BOYER DE SAINTE-SUZANNE (R. de), Les Petits états de l’Europe : La République... , op. cit., p. 112.
202 PELLICONI (M.), « Il Risorgimento », Milan, Ed. AIEP, n°20, [s.d.], p. 306 ets.
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