LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
siècle, faute d’un accord sur la remise d’exilés ayant fui la ville d’Urbino. En 1354, le
cardinal Egidio Albornozzi, légat apostolique vient en Romagne pour y rétablir l’autorité de
l’Église. C’est à cette occasion qu’il reconnaît par décision en date du 25 Août 1360,
l’indépendance et l’autonomie de Saint-Marin. Décision confirmée par son successeur, le
cardinal Anglico frère du pape Urbain V. Pour autant, l’indépendance de Saint-Marin n’est
pas acquise. En 1375, l’évêque de Montefeltro en accord avec le podestat corrompt Giacomo
Pelizzarro, haut dignitaire saint-marinais, pour qu’il leur livre Saint-Marin. Le complot est
découvert, Pelizzarro est exécuté. Par la suite, c’est l’évêque Benedetto, chef de l’Église
Romagne qui livre au pape un mémoire justifiant que le seul moyen d’établir la paix à Saint-
Marin passe par l’Église. À ce mémoire, le Pape Boniface IX répond en lui accordant une
juridiction spirituelle spéciale, susceptible de se transformer en pouvoir temporel. Les Saint-
Marinais ne se laissent pas intimider et continuent de jouir de leur liberté tout en mettant en
pratique leur mode de gouvernance.
165. La reconnaissance officielle du Pape. — Au XV* siècle l’Italie est confrontée à des
luttes sanglantes qui incitent Saint-Marin à tirer profit d’un désaccord entre Malatesta et le
Saint-Siège. La petite république dont la fragilité des moyens de défense est établie, se place
sous la protection des seigneurs de Montefeltro et indirectement du Pape Pie II afin
d’entreprendre à leurs côtés de nombreuses guerres contre les Malatesta, seigneurs de
Rimini”. La bienveillance du Saint-Siège à l’égard de Saint-Marin apporte une
186 en 1463. S’ensuit une
reconnaissance officielle d’autonomie par le Pape Pie II
indépendance reconnue par le roi de Naples et les autres princes et républiques d’Italie. À
cette époque, Saint-Marin reçoit les seigneuries de Serravalle, Fiorentino, Montegiardino et
Faetano. Cette donation du Pape, en remerciement de l’aide apportée contre les Malatesta,
constitue la dernière expansion territoriale de Saint-Marin. — Cependant l’existence de cet État
sera plusieurs fois menacée comme en témoigne en 1503, la prise de Saint-Marin par César
Borgia de Malatesta”*’, seigneur de Valentinois, désireux de faire rentrer la Romagne au sein
du patrimoine du Saint-Siège. Cette occupation est de courte durée, l’armée de César Borgia
étant anéantie par le duc d’Urbin. Le pape Jules II reconnaît l’indépendance de Saint-Marin le
31 mars 1509. Le 5 juin 1542, une nouvelle tentative avortée d’annexion de Saint-Marin lui
vaut le soutien et la reconnaissance des ducs d’Urbin, de Florence et de Charles Quint. Le 11
“> MOURRE (M.), Dictionnaire Encyclopédique d Histoire, Ed. Paris 1978, p. 2665.
86 ROSSI (L.), « Signorie ¢ Principati », Milan, Ed. AIEP, n°9, [s.d.], p. 126.
‘87 Fils naturel du Pape Alexandre VI.
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