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Première partie 
La Principauté de Liechtenstein 
Comment l'idée de la présente étude a-t-elle vu le jour ? Elle est née d'un besoin res 
senti presque simultanément dans le Jura et à Genève ; la discussion sur l'échéance 
européenne de 1992 aidant, on pouvait s'attendre à ce que certains peuples périphéri 
ques de la Confédération suisse, désavantagés ou maltraités, éprouvent en fin de compte 
le besoin de savoir comment vivent les petits Etats qui ont la chance d'être indépendants 
sur le plan international : le Liechtenstein, Saint-Marin, Monaco, Andorre, le Luxem 
bourg, etc. 
Pour être plus précis, rappelons que M. Roland Béguelin, secrétaire général du Ras 
semblement jurassien, avait déclaré en conclusion de la conférence de presse organisée 
le 13 septembre 1987 : 
"On a tort de croire, à Berne et dans les milieux politiques suisses, que le Jura va se 
décourager, s'aligner, s'endormir dans l'oubli du mal qu'on lui a fait. Gonzague de 
Reynold enseignait à l'Université, dans ses cours, que si une Confédération doit être 
ouverte à de nouveaux membres, on doit aussi pouvoir en sortir. Le moment va venir 
où, devant le silence ou la mauvaise foi de nos partenaires, nous devrons dire à ceux-ci : 
"C'est fini, nous n'avons plus envie de rester avec vous !" 
La jeunesse a des ailes. Aussi Me Alain Steullet, secrétaire général d' "Unité juras 
sienne", vient-il de franchir le pas. Constatant que "le pays jurassien ne s'est jamais 
vraiment senti concerné par le biribi fédéral, car c'est à la suite d'un coup de force diplo 
matique qu'il s'est subitement retrouvé suisse et bernois", il a proposé la constitution 
d'un groupe d'étude chargé de comparer les avantages et les inconvénients qui s'ensui 
vraient, pour le Jura, s'il se séparait de la Suisse. "Si on ne peut plus rien attendre de 
cette dernière, on doit tirer des conclusions en toute connaissance de cause." 
Un livre à succès est sorti de presse. Il s'intitule "Genève doit-elle rester Suisse ?" et 
a obtenu le Grand Prix du Mouvement romand. Dans la cité de Calvin, un mouvement 
indépendantiste a vu le jour. Une dynamique apparaît, que favorisera la construction de 
l'Europe unie. Celle-ci franchira une grande étape dans moins de quatre ans, et les por 
te-parole de la Suisse attardée continuent de se tenir à l’écart. 
Or, il faut le souligner, être sur cet îlot à l'heure du tunnel sous la Manche ne nous in 
téressera pas ! Il y a d'autres façons, pour nous, d'envisager notre place dans une Euro 
pe qui est aussi notre patrimoine. Pour toutes les raisons qui viennent d'être exposées, 
le Bureau exécutif du Rassemblement jurassien a décidé, dans sa séance du II août 
1988, de donner suite à la suggestion d'Alain Steullet. Comme on le voit, dans le cou 
rant de l'histoire qui emporte inexorablement tous les peuples, le Jura demeure à l'aise. 
Il voit loin." 
Le Rassemblement jurassien a donc voulu procéder de manière pragmatique et pro 
gressive. Cela consiste à lancer un programme de recherche scientifique, pour étudier 
les différentes hypothèses envisageables et les conséquences qui en découlent.