LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DES MICRO-ÉTATS EUROPÉENS
A. L’absence de reconnaissance internationale
121. Le problème de représentation des Coprinces. — L’augmentation de la population
étrangère laisse planer un possible déséquilibre de la société andorrane°“° qui encourage
Andorre à amorcer une politique d’émancipation face aux viguiers épiscopal et français. En
1952 lors de la convention universelle sur les droits d’auteur, de nombreuses difficultés
apparaissent et s’accentuent en 1954 à la signature de la Convention de la Haye sur la
protection des biens culturels par l’U.N.E.S.C.O. en cas de conflit armé. La France conteste la
représentation du coprince épiscopal par l’Espagne à l’occasion de congrès internationaux et
rejette également la signature des accords internationaux pour le compte de l’évêque d’Urgell,
arguant qu’en matière de représentation internationale, le Coprince français est seul
compétent pour représenter Andorre et l’évêque d’Urgell. Malgré cette controverse relative à
la compétence internationale pour représenter Andorre, l'UNESCO enregistre Andorre
comme État contractant de la convention universelle sur les droits d’auteurs. Elle motive cette
décision en expliquant que les représentants au sein du comité intergouvernemental créé en
vertu de l'article XI de la convention universelle ont été désignés conjointement par les
viguiers.
122. Le refus par la France de reconnaître l’État d’Andorre. — En 1957, Andorre
souhaite participer à l’Exposition Universelle de Bruxelles et entreprend des négociations
officielles qui lui valent d’être rappelée à l’ordre par l’État français réaffirmant son obligation
de représentation sur la scène internationale. La Principauté d’Andorre agi alors
officieusement sur la scène internationale par le biais de son syndicat d’initiative. En 1970, le
Ministre des Affaires Étrangères français, Jacques CHABAN-DELMAS demande au
Directeur Général de ’'UN.E.S.C.O. René MAHEU de ne plus considérer la Principauté
d’Andorre comme un Etat :
« Si l’Andorre a pu participer à certaines conférences internationales, y signer et y ratifier des conventions et
être, ainsi considérée comme une entité distincte, cela n’implique pas que ce soit sur un même pied d'égalité
avec les États. De même si l'Andorre a été mentionnée dans divers documents de l'UN.ES.C.O. aux côtés
d’États contractants ou parmi des États signataires, il s’agit d’une erreur ou d’une inadvertance qui ne peuvent
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conférer à ce territoire le statut d’Etat souverain »””.
°° La politique fiscale de la Principauté attire les convoitises et contraint à prendre de nombreuses mesures
protectionnistes face à l’augmentation de la population étrangère.
°°” DUURSMA (J.). Fragmentation... , op. cit., p.392
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